Considérer la stigmatisation comme un préjudice social évitable qui accentue les inégalités
Résumé :
Cet article traite des préjudices sociaux découlant de la stigmatisation dont sont victimes les personnes qui consomment des drogues (PCD) et explique comment cette stigmatisation compromet « l’épanouissement humain » et limite les « choix de vie ». S’appuyant sur une recherche qualitative menée par le Wellcome Trust à partir d’entretiens semi-structurés approfondis (N = 24) avec des personnes consommant de l’héroïne, du crack, du spice et des amphétamines, cet article fournit tout d’abord un aperçu de la manière dont la stigmatisation s’opère dans les relations interpersonnelles à travers le prisme du discours sur les classes sociales et de la consommation de drogues, fondé sur des idées normatives de « valeur de la personne ». Ensuite, il examine comment la stigmatisation est utilisée comme une arme dans les relations sociales pour maintenir les personnes « à leur place », puis il montre comment la stigmatisation est intériorisée sous forme de culpabilité et de honte et ressentie profondément « sous la peau » comme des « sentiments négatifs ». Les résultats de l’étude montrent que la stigmatisation nuit à la santé mentale, entrave l’accès aux services, accroît le sentiment d’isolement et sape l’estime de soi en tant qu’être humain à part entière. Ces négociations incessantes autour de la stigmatisation sont douloureuses, épuisantes et préjudiciables pour les PWUD, et aboutissent, selon moi, à des actes quotidiens de préjudice social qui finissent par être normalisés.