Sullivan, R. J., & Hagen, E. H. (2002). Psychotropic substance‐seeking: evolutionary pathology or adaptation?. Addiction, 97(4), 389-400.
https://doi.org/10.1046/j.1360-0443.2002.00024.x
Traduction rapide.
Résumé :
Selon une perspective évolutionniste conventionnelle, la propension humaine à consommer des substances est le résultat d’un « décalage » entre les mécanismes émotionnels qui se sont développés dans un passé où il n’existait pas de drogues pures ni de voies d’administration directe, et l’apparition de ces phénomènes dans l’environnement contemporain.
L’objectif principal de cette étude est d’affirmer que, contrairement à l’opinion conventionnelle, les humains ont partagé une relation coévolutive avec les substances psychotropes végétales depuis des millions d’années. Nous soutenons que cette relation « profonde » est évidente tant dans les adaptations chimiques et écologiques qui ont évolué chez les mammifères pour métaboliser les substances végétales psychotropes que dans la structure des substances chimiques défensives des plantes qui ont évolué pour imiter la structure et interférer avec la fonction des neurotransmetteurs des mammifères.
Compte tenu de ces preuves, nous nous interrogeons sur la manière dont les mécanismes émotionnels facilement déclenchés par les toxines végétales ont pu évoluer. Notre argumentation s’appuie également sur des preuves archéologiques et historiques de l’utilisation de substances dans l’Antiquité, qui suggèrent que, pour les populations anciennes, les substances végétales psychotropes étaient aussi courantes dans la vie quotidienne qu’elles le sont pour beaucoup de gens aujourd’hui. Notre deuxième objectif, plus spéculatif, est de proposer des hypothèses provisoires sur le phénomène de la consommation de substances par les humains qui puissent intégrer les implications évolutives d’une relation profonde entre les substances psychotropes et les populations.
Nous discutons des hypothèses relatives aux avantages sélectifs de la consommation de substances, notamment l’idée que les substances chimiques végétales analogues aux neurotransmetteurs ont été exploitées comme substituts aux neurotransmetteurs endogènes coûteux et limités sur le plan nutritionnel. Cependant, même si la recherche de substances était adaptative dans l’environnement de nos ancêtres hominidés, elle ne l’est peut-être plus dans l’environnement contemporain. Ainsi, notre argument ne vise pas à nier l’applicabilité du concept d’inadéquation au phénomène de la consommation humaine de substances, mais à le reconsidérer et à l’étendre afin d’y intégrer les implications d’un passé évolutif riche en substances plutôt que dépourvu de substances.