Alcool

L'alcool a un effet dépresseur sur le corps. Cela signifie qu'il permet de diminuer l'activité du système nerveux.

Doser est un bon moyen de réduire les risques.

L'alcool perturbe l'équilibre GABA/glutamate dans notre corps !

Le risque addictif de l'alcool est élevé. Les symptômes de sevrage favorisent grandement l'abus et le cercle vicieux de l'addiction.

Le risque principal avec les dépresseurs, et surtout l'alcool, se situe au niveau respiratoire et de la conscience. De plus, l'alcool favorise de nombreuses maladies sur le long terme.

Mélanger l'alcool avec des dépresseurs ou des stimulants comporte de nombreux risques. Restez vigilants et dosez en conséquence !

L'alcool et ses effets

L’alcool (également connu sous le nom d’éthanol, d’alcool éthylique, d’hydroxyde d’éthyle, d’alcool à boire) est une substance naturelle de la classe des dépresseurs. C’est le principal composant psychoactif des boissons alcoolisées, des liqueurs et des spiritueux, ce qui en fait la deuxième substance récréative la plus utilisée dans le monde (après la caféine). L’éthanol agit principalement en se liant aux récepteurs GABA.

L’alcool est concerné par la loi Evin, mais de manière moins restrictive comme on peut le constater aux nombreux arrêts de bus arborant fièrement les publicités de 1664 ou d’Heineken. Il jouit encore d’une image très positive, où intérêts financiers et bêtise semblent se rencontrer pour une synergie malheureuse. Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation de 2018 à 2020, avait annoncé sans sourciller que “le vin n’est pas un alcool comme un autre“.

“D’innombrables études montrent que les hommes sont plus susceptibles que les femmes de consommer de l’alcool et que, parmi les buveurs, les hommes consomment plus d’alcool que les femmes. Toutefois, des recherches suggèrent que cet écart entre les genres en matière de consommation d’alcool pourrait être en train de se réduire.”

McCaul, M. E., Roach, D., Hasin, D. S., Weisner, C., Chang, G., & Sinha, R. (2019). Alcohol and women: A brief overview. Alcoholism, clinical and experimental research, 43(5), 774.

Bien doser l'alcool

Effets
Oral
Légers
1 - 2 unités d'alcool
Moyens
2 - 3 unités d'alcool
Forts
3 - 4 unités d'alcool
Très forts
4 + unités d'alcool
Phases du GHB
Oral
Début
≈ 45 min
Effets principaux
30 - 90 min
Descente
45 - 120 min
Effets résiduels
6 - 48 h

L'action de l'alcool sur le corps

Les deux neurotransmetteurs les plus communs dans le corps, et les plus puissants, sont le glutamate et l’acide gamma-aminobutirique (GABA). Le glutamate est l’accélérateur de l’activité cérébrale et le GABA est le frein. Ils permettent entre autre de bien dormir, de créer des souvenirs, de penser… Le glutamate, lorsqu’il est relâché dans les synapses, active le prochain neurone, tandis que le GABA produit l’inverse. Il est nécessaire d’avoir un équilibre entre les deux, puisque trop de glutamate signifie une trop grande activité cérébrale (risque d’anxiété élevée, convulsions, dégâts au cerveau), tandis que trop de GABA peut signifier une dépression respiratoire, un black out…

La nature faisant bien les choses (parfois), l’équilibre se produit par lui-même, c’est-à-dire qu’à chaque fois que du glutamate se manifeste dans le cerveau, le GABA en fait autant, et inversement.

La première chose que fait l’alcool dans notre corps est d’augmenter l’action du système gabaergique, ce qui nous permet de nous sentir relaxé. Cela explique d’ailleurs pourquoi des personnes naturellement anxieuses se tournent vers l’alcool (et bien entendu vers les anxiolytiques comme les benzodiazépines ayant la même action gabaergique). Et comme on l’a déjà souligné, trop de GABA (ici donc, trop d’alcool), favorise la perte de capacités cognitives, une possible perte de conscience…

Et si vous vous rappelez l’action du glutamate, vous comprendrez qu’il essaiera de s’équilibrer lui aussi. Ce qui mène à des problèmes lorsque le GABA redescend quelques temps après la consommation, puisque durant un certain temps le glutamate se retrouve en excès par rapport au GABA et nous met donc à risque sur le plan cérébral (dans les sevrages les plus compliqués on parle même de delirum tremens, qui peut s’avérer mortel). L’addiction s’installe d’ailleurs en grande partie afin d’éviter les symptômes de sevrage que sont les tremblements et l’anxiété anormale, puisque reboire permet de se rééquilibrer. Bref, il est facile d’installer un cercle vicieux avec l’alcool où l’on commence à boire pour des raisons diverses, pour continuer à boire pour éviter le sevrage.

Les risques d'addiction

Un papier de 2018 permet d’aborder les bases neurobiologiques de l’addiction à l’alcool. 10% des adultes en France auraient une consommation quotidienne, avec une plus grande part d’hommes. L’alcool présente des risques élevés d’addiction, et son sevrage est dangereux. Si vous souhaitez arrêter de consommer, faites le en étant accompagnés afin d’éviter de sérieux problèmes de santé.

Un tiers de la population américaine remplirait à un moment donné les critères du trouble de l’usage de l’alcool. Parmi ces personnes, jusqu’à 25% auraient besoin d’une aide médicale et psychologique afin de s’en sortir. Ces chiffres permettent de nuancer les recherches montrant de 5 à 15% de personnes souffrant d’addiction en même temps. De nombreuses personnes vivront à un moment donné dans leur vie cette épreuve ce qui permet de voir le potentiel addictif élevé de l’alcool.

La prévalence du trouble de l’usage d’alcool (AUD) au cours de la vie est de 29 % aux États-Unis, avec une prévalence plus élevée chez les hommes que chez les femmes. Aux États-Unis, 33 % des hommes et 17 % des femmes s’adonnent à des beuveries au moins une fois par mois, et des études longitudinales suggèrent que cet écart se réduit en raison d’une diminution de la fréquence chez les hommes. Les différences entre les sexes dans la prévalence de l’AUD peuvent être liées à l’âge du début de la consommation d’alcool ou aux premières expériences d’un individu avec l’alcool, en particulier si la consommation d’alcool est suffisamment élevée pour provoquer une intoxication. Le risque d’AUD au cours de la vie est quadruplé lorsque la consommation d’alcool commence à l’âge de 14 ans ou avant, par rapport à l’âge de 18 ans, et les facteurs qui incitent les individus à commencer à boire et à boire beaucoup diffèrent selon le sexe.

Des tendances plus marquées à la prise de risque peuvent conduire à une consommation précoce et à un mésusage ultérieur de l’alcool, en particulier chez les garçons. Les garçons adolescents ont déclaré que la “prise de risque” et la “curiosité” étaient des motivations pour boire de l’alcool, alors que ce n’était pas le cas chez les adolescentes. Les garçons adolescents présentent également des niveaux plus élevés d’impulsivité et de recherche de sensations que les adolescentes. De même, les hommes ont moins d’aversion pour le risque dans un contexte social que les femmes, ce qui peut les amener à adopter des comportements plus risqués. Il est intéressant de noter qu’une relation positive significative entre la recherche de sensations et les risques liés à l’alcool, tels que la conduite sous influence, a été observée chez les femmes, mais pas chez les hommes. Cela suggère que les femmes ayant une forte tendance à la recherche de sensations peuvent avoir plus de chances de se blesser ou de blesser les autres après avoir consommé de l’alcool que les hommes ayant la même tendance à la recherche de sensations. Il a également été démontré que l’augmentation des comportements à risque induite par l’alcool diffère selon le sexe chez les rongeurs, les rats mâles adolescents adoptant des comportements à risque plus élevés après avoir consommé de l’alcool que les rats femelles adolescents.

Flores-Bonilla, A., & Richardson, H. N. (2020). Sex differences in the neurobiology of alcohol use disorder. Alcohol research: current reviews, 40(2).

Les risques pour la santé

Le Delirium Tremens (DT) fait partie du spectre le plus sévère du sevrage alcoolique, qui peut potentiellement entraîner la mort, s’il n’est pas pris en charge rapidement et de manière adéquate. La prévalence du DT dans la population générale est de moins de 1 % et de près de 2 % chez les patients souffrant de dépendance à l’alcool. Le DT se présente sous la forme d’une combinaison de symptômes sévères de sevrage alcoolique et de symptômes de délire avec agitation et parfois hallucination.

Grover, S., & Ghosh, A. (2018). Delirium tremens: assessment and management. Journal of clinical and experimental hepatology, 8(4), 460-470.

“L’alcool est métabolisé en acétaldéhyde sous l’action de l’alcool déshydrogénase (ADH), du CYP2E1 et de la catalase. L’acétaldéhyde est connu pour être un métabolite actif toxique, il est impliqué dans l’induction de la cardiomyopathie alcoolique, le développement de cancers et a certains effets neurocomportementaux. Lors d’une intoxication, la production d’acétaldéhyde peut provoquer des bouffées de chaleur, une accélération du rythme cardiaque, une sécheresse de la bouche, des nausées et des maux de tête. L’acétaldéhyde contribue notamment aux effets toxiques de l’alcool chronique sur le cerveau, entraînant une dégénérescence neuronale. L’acétaldéhyde induit des dommages cellulaires et une cytotoxicité en provoquant un dysfonctionnement de l’ADN et des adduits protéiques. En outre, la formation d’adduits protéiques peut également induire une réponse immunitaire susceptible d’endommager davantage les tissus.”

Nutt, D., Hayes, A., Fonville, L., Zafar, R., Palmer, E. O., Paterson, L., & Lingford-Hughes, A. (2021). Alcohol and the brain. Nutrients, 13(11), 3938.

Le glutamate est le principal neurotransmetteur excitateur du cerveau, en fait l’interrupteur du cerveau. Il nous maintient éveillés, est nécessaire à la formation de nouveaux souvenirs et permet aux systèmes vitaux, tels que la respiration, de fonctionner. Si les récepteurs du glutamate sont bloqués, nous nous endormons et pouvons entrer dans un état d’anesthésie (la kétamine est un anesthésique qui bloque directement les récepteurs du glutamate). Ce sont les caractéristiques que l’on retrouve chez les personnes qui ont des trous de mémoire provoqués par l’alcool, qui bloque également les récepteurs du glutamate à des concentrations élevées.

Les effets du blocage du glutamate sont exagérés par l’activité accrue de l’alcool sur les récepteurs GABA, qui, à ces concentrations élevées d’alcool, peut devenir irréversible, produisant un “double coup” sur la conscience. À un moment donné, le blocage de l’excitation du glutamate arrête le centre respiratoire du cerveau, et l’intoxication alcoolique conduit donc à la mort. Sur le chemin de cet événement terminal, les personnes peuvent vomir, peut-être par réflexe de défense contre l’empoisonnement à l’alcool. Cela est dû au fait que des concentrations élevées d’alcool stimulent le sous-type 5-HT3 des récepteurs de la sérotonine sur le nerf vague, ce qui déclenche le réflexe de vomissement. À terme, la consommation chronique d’alcool et la dépendance entraînent un dysfonctionnement du système orchestrant la réponse de l’organisme aux défis stressants, déclenchent des processus inflammatoires et perturbent la réponse immunitaire, notamment dans le cerveau.

Nutt, D. J., Tyacke, R. J., Spriggs, M., Jacoby, V., Borthwick, A. D., & Belelli, D. (2022). Functional alternatives to alcohol. Nutrients, 14(18), 3761.

Sur un total de 580 000 décès en 2015, 41 000 étaient attribuables à l’alcool : 30 000 chez les hommes et 11 000 chez les femmes, ce qui  représente respectivement 11% et 4% du total des décès des adultes de plus de 15 ans. Les impacts les plus larges de la consommation d’alcool sont observés pour les cancers, avec 16 000 décès attribuables, et les pathologies cardiovasculaires avec 9 900 décès attribuables. Si, pour les hommes, les cancers représentaient la première cause de décès attribuable à l’alcool avec plus de 12 000 décès, les pathologies cardiovasculaires étaient la première cause de décès attribuable à l’alcool chez les femmes avec 4 000 décès (vs 3 500 décès par cancer).

Bonaldi, C., & Hill, C. (2019). La mortalité attribuable à l’alcool en France en 2015. Bull épidémiol hebd, 56, 97-108.

alcool ofdt

Chiffres clés liés à l’alcool, de l’OFDT, 2022. Une erreur est à souligner : il n’y a pas 2400 accidents mortels liés à l’alcool mais plutôt 642 pour l’année 2020. Pour 2022 le chiffre s’élève à 759. Une source plus poussée sur l’alcool provenant de l’OFDT : La consommation d’alcool et ses conséquences en France en 2022.

L’alcool, qu’il soit sous forme de bière, de vin ou de boissons plus fortes encore, comporte toujours les mêmes risques. Bien entendu il remplit beaucoup de fonctions que l’on recherche souvent pour de bonnes raisons : festivités, liens sociaux, recherche d’euphorie, etc… Mais il serait risqué de partir du principe que certains alcools sont plus sûr que d’autres. Ce sont les manière de consommer qui comptent, et sauf dans des cas particuliers (bière sans alcool ou absinthe), il n’y a pas beaucoup de sens à mettre de côté un alcool, comme le vin, pour chercher à faire croire qu’il serait factuellement moins nocif que les autres.

Vérifiez vos mélanges !

L’alcool est en général à éviter avec la plupart des médicaments et les autres substances ayant un effet dépresseur. Les mélanges avec des substances ayant un effet sur le système cardiovasculaire important sont aussi risqués, comme la cocaïne ou les cathinones. Demander d’un côté au cœur d’accélérer, de l’autre de ralentir, favorise les risques d’arrêt cardiaque et de problèmes cardio-vasculaires à long terme.