2021 – Rapport 21-09. La relation médecin-malade
La qualité de la relation médecin-malade est essentielle pour l’obtention d’un résultat thérapeutique optimal. Fondée sur l’écoute, l’empathie, le respect, l’examen physique, la clarté et la sincérité du langage, elle vise à établir la confiance, condition première de l’adhésion du patient et de l’alliance thérapeutique. Son action favorable s’exerce principalement par l’amélioration de l’observance des traitements, mais aussi par des effets propres, apparentés aux effets placebo, spécialement mis à profit dans le traitement des troubles non lésionnels. Le médecin d’aujourd’hui doit faire face, dans sa relation avec le patient, à plusieurs difficultés : malade plus informé et plus critique ; manque de temps du fait du poids des tâches administratives ; travail en équipes qui disperse et appauvrit la relation ; et surtout primauté des technologies. Les solutions à ces difficultés sont à rechercher dans la formation des praticiens, l’organisation des équipes, et dans un usage responsable des technologies, qui ne dispensent en aucun cas du nécessaire face à face, et, pour celles qui relèvent de l’intelligence artificielle, exigent toujours la garantie humaine du médecin.
2018 – L’automédication par l’alcool ou les drogues pour traiter les troubles de l’humeur et l’anxiété : revue narrative de la littérature épidémiologique
La comorbidité des troubles de l’humeur et des troubles anxieux (MD et AD) avec les troubles liés à l’usage de substances (SUD) est courante. Une explication de cette comorbidité est l’hypothèse de l’automédication, qui postule que les personnes atteintes de MD ou d’AD consomment des substances pour faire face aux symptômes difficiles associés à leur trouble. Au fil du temps, l’automédication (SM) peut évoluer vers un SUD indépendant. Cette revue narrative présente la prévalence et les corrélats de l’AM avec l’alcool et/ou les drogues pour les TDM et les TA, ainsi que la relation entre l’AM et les TUS subséquents à l’aide de données épidémiologiques transversales et longitudinales.
2019 – Problèmes liés à la consommation de cannabis pour faire face au stress
Des recherches antérieures ont mis en évidence un lien entre le stress et le cannabis. L’objectif général de la présente étude était d’élucider davantage la nature de ce lien en examinant si les motivations de la consommation de cannabis (par exemple, la consommation de cannabis pour faire face à des émotions négatives) jouent un rôle médiateur dans les associations présumées entre le stress (stress précoce, stress chronique) et le cannabis (fréquence de la consommation de cannabis, consommation problématique de cannabis). Un échantillon de 578 étudiants consommateurs de cannabis a répondu à un sondage anonyme en ligne conçu pour mesurer le stress précoce, le stress chronique, la fréquence de la consommation de cannabis et la consommation problématique de cannabis. Les résultats ont indiqué que le stress précoce était significativement associé à une consommation plus fréquente de cannabis et que le stress précoce et le stress chronique étaient tous deux significativement associés à une consommation plus problématique de cannabis. Les résultats d’une série de modèles de médiation multiple parallèles ont en outre révélé que les motivations liées à la consommation de cannabis (c’est-à-dire la consommation de cannabis pour faire face à des affects négatifs et à d’autres problèmes) étaient un médiateur significatif de ces trois relations. Ces résultats suggèrent que le stress précoce et le stress chronique peuvent conduire à la consommation de cannabis pour faire face au stress, et que la consommation de cannabis à cette fin peut, à son tour, augmenter la consommation problématique de cannabis. Nous proposons que le renforcement des capacités d’adaptation des consommateurs de cannabis, afin qu’ils ne dépendent pas du cannabis pour faire face à leurs problèmes, pourrait contribuer à rompre le lien entre le stress et la consommation problématique de cannabis.
2019 – Facteurs de stress liés au travail et risque accru d’utilisation prolongée de benzodiazépines : résultats de l’étude de cohorte CONSTANCES basée sur la population
L’exposition professionnelle stressante au public augmente le risque de consommation à long terme de benzodiazépines. Les programmes de prévention visant à réduire le fardeau de la consommation à long terme de benzodiazépines auraient tout intérêt à cibler cette population spécifique.
2014 – Association entre l’affect négatif et l’abus d’opioïdes sur ordonnance chez les patients souffrant de douleur chronique : le rôle médiateur de l’envie irrépressible d’opioïdes
Au cours de la dernière décennie, de nombreuses recherches ont montré que les patients souffrant de douleurs chroniques et présentant des niveaux élevés d’affect négatif (AN) courent un risque accru d’abus d’opioïdes sur ordonnance. L’objectif principal de la présente étude était d’examiner les facteurs qui sous-tendent l’association entre l’AN et l’abus d’opioïdes sur ordonnance chez les patients souffrant de douleurs chroniques. Dans cette étude, 82 patients souffrant de douleurs musculo-squelettiques chroniques et sous prescription d’opioïdes ont rempli le questionnaire Current Opioid Misuse Measure, un questionnaire d’auto-évaluation validé conçu pour évaluer l’abus d’opioïdes sur ordonnance. Les patients ont également été invités à remplir des questionnaires d’auto-évaluation de l’intensité de la douleur, des NA et de l’envie d’opioïdes. Une analyse de médiation multiple par bootstrapping a été utilisée pour examiner le rôle médiateur de l’intensité de la douleur et de l’envie d’opioïdes chez les patients dans l’association entre les NA et l’abus d’opioïdes sur ordonnance. Conformément aux recherches précédentes, nous avons constaté une association significative entre l’accroissement de la NA et l’abus d’opioïdes sur ordonnance. Il est intéressant de noter que les résultats ont révélé que l’envie d’opioïdes, et non l’intensité de la douleur, jouait un rôle médiateur dans l’association entre l’accroissement de la NA et l’abus d’opioïdes. La discussion aborde les facteurs psychologiques et neurobiologiques potentiels qui pourraient contribuer aux interrelations entre l’accroissement de la NA, l’envie d’opioïdes et l’abus d’opioïdes sur ordonnance chez les patients souffrant de douleurs. Les implications cliniques de nos résultats sont également examinées.
2023 – Addiction au travail et consommation de stimulants : analyse de profils latents dans une étude représentative de la population
Les personnes souffrant d’addiction au travail (AT) se caractérisent par une faible estime de soi, une forte obsession et une impulsivité ; elles sont surchargées de tâches et présentent des troubles du sommeil. Ces caractéristiques suggèrent que les bourreaux de travail pourraient être enclins à consommer des substances psychostimulantes ; cependant, cette relation n’a jamais été étudiée. La présente étude visait à explorer la prévalence de la consommation de psychostimulants chez les personnes souffrant d’AT dans un échantillon représentatif (N = 3076). La prévalence de la consommation de stimulants licites et illicites au cours de la vie, au cours de l’année écoulée et au cours du mois écoulé a été étudiée. L’échelle de Bergen sur l’addiction au travail et la version en 18 items du Brief Symptom Inventory ont été utilisées pour évaluer l’AT et les symptômes psychopathologiques. Les travailleurs addictifs ont montré une prévalence significativement plus élevée de tabagisme, de consommation de boissons énergisantes, d’amphétamines, de NPS et de cocaïne que les travailleurs non addictifs. De plus, ils ont également signalé davantage de symptômes psychopathologiques. Étant donné que les travailleurs addictifs sont plus vulnérables à la consommation de stimulants potentiellement dangereux, les programmes de santé mentale sur le lieu de travail devraient aborder le dépistage et la prévention de l’AT.
2019 – À la recherche d’une psychoactivation optimale : les stimulants comme améliorateurs des performances cognitives
De plus en plus de personnes, en particulier les étudiants, recherchent des substances qui améliorent leurs fonctions cognitives. Les stimulants constituent le groupe le plus populaire parmi les stimulants cognitifs pharmacologiques (PCS). Les études disponibles suggèrent un léger effet bénéfique du méthylphénidate et de l’amphétamine sur la mémoire, les fonctions exécutives et la vitesse de traitement. Bien que faible, cet effet peut faire la différence entre la réussite et l’échec. Ces dernières années, la recherche s’est concentrée sur les effets bénéfiques supplémentaires sur l’état émotionnel, l’augmentation de la motivation et l’amélioration cognitive induite par l’effet placebo. Cet article passe brièvement en revue les recherches les plus récentes et les plus importantes sur la relation entre les stimulants populaires et l’amélioration cognitive. On ne peut comprendre cette relation sans comprendre la loi de Yerkes-Dodson, qui explique la relation entre le degré d’excitation et la performance. Elle suggère que l’effet des stimulants est un continuum dépendant de la dose. Cette loi a été confirmée à plusieurs reprises par des études dans lesquelles un niveau optimal de psychoactivation pour l’amélioration cognitive a été obtenu avec de faibles doses de stimulants, tandis que le dépassement de la dose efficace entraînait des déficits cognitifs, une agitation psychomotrice et une addiction. Une section distincte est consacrée au modafinil, un stimulant de plus en plus populaire qui se distingue des autres par son profil neurochimique et ses effets comportementaux.
2019 – L’usage récréatif de psychédéliques est associé à une plus grande ouverture d’esprit : exploration des liens avec les marqueurs cérébraux de la sérotonine
Les résultats de cette étude transversale confirment les preuves croissantes d’une association positive entre les expériences psychédéliques et l’ouverture à l’expérience, et (a) étendent cette association au contexte de l’usage « récréatif » des psychédéliques, et (b) établissent un lien entre la neurotransmission sérotoninergique et l’ouverture à l’expérience. La modulation de la personnalité induite par les expériences psychédéliques pourrait avoir d’importantes implications thérapeutiques en raison de son impact sur le système de valeurs, la flexibilité cognitive et le comportement individuel et social des individus.
2022 – Chemsex, identité et santé sexuelle chez les hommes gays et bisexuels
Cet article se concentre sur certains aspects sociaux, culturels et psychologiques de la consommation de drogues dans des contextes sexualisés chez les hommes gays et bisexuels (appelée « chemsex »). À l’aide d’une approche narrative, l’article examine les recherches empiriques antérieures dans ce domaine et présente une nouvelle approche théorique pour comprendre et prédire le comportement chemsex. Les principes de la théorie du processus identitaire issue de la psychologie sociale sont utilisés pour offrir un cadre théorique intégratif dans lequel les fondements sociaux, culturels et psychologiques du chemsex peuvent être examinés collectivement. Les recherches empiriques existantes suggèrent que les hommes gays et bisexuels peuvent être confrontés à des facteurs de stress liés à la sexualité qui peuvent nuire à leur estime de soi, à leur efficacité personnelle, à leur continuité et à leur distinctivité positive. La théorie du processus identitaire examine comment les individus réagissent aux menaces identitaires provoquées par ces facteurs de stress. En réponse à une menace identitaire, les hommes homosexuels et bisexuels peuvent se livrer au chemsex comme une réponse d’adaptation qui englobe et facilite diverses stratégies et tactiques d’adaptation, largement inadaptées. Plus le chemsex est perçu comme renforçant les processus identitaires et comme écartant la menace identitaire, plus il est susceptible d’être central dans l’identité des participants. Le caractère central du chemsex dans l’identité d’une personne peut empêcher celle-ci de s’en détourner. Plusieurs pistes de recherche future sont présentées sur la base des travaux existants sur le chemsex, examinés à travers le prisme de la théorie du processus identitaire. Elles devraient servir de base à de futures recherches empiriques dans le domaine de la santé sexuelle chez les hommes gays et bisexuels, et les résultats de ces recherches devraient éclairer les politiques et les pratiques dans ce domaine.
2020 – Pharmacosex : Réinventer le sexe, les drogues et l’amélioration
La consommation de drogues dans un contexte sexuel fait l’objet d’une attention sans précédent de la part des médias, des organismes de santé publique et des communautés. Cependant, les recherches menées à ce jour portent principalement sur la consommation de drogues à des fins sexuelles chez les populations lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et queer (LGBTQ), et en particulier chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) qui pratiquent le « chemsex ». Dans un contexte dominé par les perspectives de la santé publique et de la science médicale, cet article cherche à dépasser les discours dominants sur le sexe et la drogue, caractérisés par le risque et le préjudice, ou le plaisir. En s’appuyant sur une notion élargie d’amélioration, nous explorons les intersections entre la consommation de drogues et le sexe à travers le concept de « pharmacosexe » : les façons dont des populations plus larges expérimentent une gamme de drogues illicites qui modifient et améliorent leur vie sexuelle dans le contexte de processus plus larges de pharmaceutisation de la sexualité.