2023 – Addiction au travail et consommation de stimulants : analyse de profils latents dans une étude représentative de la population
Les personnes souffrant d’addiction au travail (AT) se caractérisent par une faible estime de soi, une forte obsession et une impulsivité ; elles sont surchargées de tâches et présentent des troubles du sommeil. Ces caractéristiques suggèrent que les bourreaux de travail pourraient être enclins à consommer des substances psychostimulantes ; cependant, cette relation n’a jamais été étudiée. La présente étude visait à explorer la prévalence de la consommation de psychostimulants chez les personnes souffrant d’AT dans un échantillon représentatif (N = 3076). La prévalence de la consommation de stimulants licites et illicites au cours de la vie, au cours de l’année écoulée et au cours du mois écoulé a été étudiée. L’échelle de Bergen sur l’addiction au travail et la version en 18 items du Brief Symptom Inventory ont été utilisées pour évaluer l’AT et les symptômes psychopathologiques. Les travailleurs addictifs ont montré une prévalence significativement plus élevée de tabagisme, de consommation de boissons énergisantes, d’amphétamines, de NPS et de cocaïne que les travailleurs non addictifs. De plus, ils ont également signalé davantage de symptômes psychopathologiques. Étant donné que les travailleurs addictifs sont plus vulnérables à la consommation de stimulants potentiellement dangereux, les programmes de santé mentale sur le lieu de travail devraient aborder le dépistage et la prévention de l’AT.
2019 – À la recherche d’une psychoactivation optimale : les stimulants comme améliorateurs des performances cognitives
De plus en plus de personnes, en particulier les étudiants, recherchent des substances qui améliorent leurs fonctions cognitives. Les stimulants constituent le groupe le plus populaire parmi les stimulants cognitifs pharmacologiques (PCS). Les études disponibles suggèrent un léger effet bénéfique du méthylphénidate et de l’amphétamine sur la mémoire, les fonctions exécutives et la vitesse de traitement. Bien que faible, cet effet peut faire la différence entre la réussite et l’échec. Ces dernières années, la recherche s’est concentrée sur les effets bénéfiques supplémentaires sur l’état émotionnel, l’augmentation de la motivation et l’amélioration cognitive induite par l’effet placebo. Cet article passe brièvement en revue les recherches les plus récentes et les plus importantes sur la relation entre les stimulants populaires et l’amélioration cognitive. On ne peut comprendre cette relation sans comprendre la loi de Yerkes-Dodson, qui explique la relation entre le degré d’excitation et la performance. Elle suggère que l’effet des stimulants est un continuum dépendant de la dose. Cette loi a été confirmée à plusieurs reprises par des études dans lesquelles un niveau optimal de psychoactivation pour l’amélioration cognitive a été obtenu avec de faibles doses de stimulants, tandis que le dépassement de la dose efficace entraînait des déficits cognitifs, une agitation psychomotrice et une addiction. Une section distincte est consacrée au modafinil, un stimulant de plus en plus populaire qui se distingue des autres par son profil neurochimique et ses effets comportementaux.
2019 – L’usage récréatif de psychédéliques est associé à une plus grande ouverture d’esprit : exploration des liens avec les marqueurs cérébraux de la sérotonine
Les résultats de cette étude transversale confirment les preuves croissantes d’une association positive entre les expériences psychédéliques et l’ouverture à l’expérience, et (a) étendent cette association au contexte de l’usage « récréatif » des psychédéliques, et (b) établissent un lien entre la neurotransmission sérotoninergique et l’ouverture à l’expérience. La modulation de la personnalité induite par les expériences psychédéliques pourrait avoir d’importantes implications thérapeutiques en raison de son impact sur le système de valeurs, la flexibilité cognitive et le comportement individuel et social des individus.
2022 – Chemsex, identité et santé sexuelle chez les hommes gays et bisexuels
Cet article se concentre sur certains aspects sociaux, culturels et psychologiques de la consommation de drogues dans des contextes sexualisés chez les hommes gays et bisexuels (appelée « chemsex »). À l’aide d’une approche narrative, l’article examine les recherches empiriques antérieures dans ce domaine et présente une nouvelle approche théorique pour comprendre et prédire le comportement chemsex. Les principes de la théorie du processus identitaire issue de la psychologie sociale sont utilisés pour offrir un cadre théorique intégratif dans lequel les fondements sociaux, culturels et psychologiques du chemsex peuvent être examinés collectivement. Les recherches empiriques existantes suggèrent que les hommes gays et bisexuels peuvent être confrontés à des facteurs de stress liés à la sexualité qui peuvent nuire à leur estime de soi, à leur efficacité personnelle, à leur continuité et à leur distinctivité positive. La théorie du processus identitaire examine comment les individus réagissent aux menaces identitaires provoquées par ces facteurs de stress. En réponse à une menace identitaire, les hommes homosexuels et bisexuels peuvent se livrer au chemsex comme une réponse d’adaptation qui englobe et facilite diverses stratégies et tactiques d’adaptation, largement inadaptées. Plus le chemsex est perçu comme renforçant les processus identitaires et comme écartant la menace identitaire, plus il est susceptible d’être central dans l’identité des participants. Le caractère central du chemsex dans l’identité d’une personne peut empêcher celle-ci de s’en détourner. Plusieurs pistes de recherche future sont présentées sur la base des travaux existants sur le chemsex, examinés à travers le prisme de la théorie du processus identitaire. Elles devraient servir de base à de futures recherches empiriques dans le domaine de la santé sexuelle chez les hommes gays et bisexuels, et les résultats de ces recherches devraient éclairer les politiques et les pratiques dans ce domaine.
2020 – Pharmacosex : Réinventer le sexe, les drogues et l’amélioration
La consommation de drogues dans un contexte sexuel fait l’objet d’une attention sans précédent de la part des médias, des organismes de santé publique et des communautés. Cependant, les recherches menées à ce jour portent principalement sur la consommation de drogues à des fins sexuelles chez les populations lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et queer (LGBTQ), et en particulier chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) qui pratiquent le « chemsex ». Dans un contexte dominé par les perspectives de la santé publique et de la science médicale, cet article cherche à dépasser les discours dominants sur le sexe et la drogue, caractérisés par le risque et le préjudice, ou le plaisir. En s’appuyant sur une notion élargie d’amélioration, nous explorons les intersections entre la consommation de drogues et le sexe à travers le concept de « pharmacosexe » : les façons dont des populations plus larges expérimentent une gamme de drogues illicites qui modifient et améliorent leur vie sexuelle dans le contexte de processus plus larges de pharmaceutisation de la sexualité.
2013 – « Un ami qui a de l’herbe est un véritable ami » : comprendre la relation entre l’identité amicale et les relations commerciales chez les consommateurs de marijuana
L’importance des réseaux d’amitié et du partage de drogues est une caractéristique bien documentée de la consommation de marijuana. Des études récentes montrent un rôle accru de l’acquisition de marijuana par l’intermédiaire d’amis, en particulier dans les contextes où la politique en matière de drogues est plutôt répressive. Cet article vise à mieux comprendre les définitions et les rôles que les consommateurs de marijuana attribuent à l’amitié. Quarante-quatre consommateurs et revendeurs de marijuana recrutés dans le centre-nord de la Floride ont été soumis à des entretiens semi-structurés, avec des questions approfondies sur les « amis » des répondants. Les données ont été analysées à l’aide d’une analyse inductive et ont été encadrées par la théorie de l’identité. Les définitions de l’amitié données par les répondants comprenaient des attentes en matière de partage et de réciprocité de la marijuana, d’achats pour des amis et de présentation à des dealers, qui étaient également qualifiés d’« amis ». Les résultats de l’étude suggèrent que les définitions de l’amitié données par les consommateurs de marijuana incluent des attentes en matière de comportements qui soutiennent la chaîne de distribution. Les attentes fondées sur le rôle en matière de comportement « amical » servaient d’outil de contrôle social qui protégeait les consommateurs de marijuana contre les risques liés au marché illicite.
2004 – Ce qui du travail se noue au café
Paradoxalement, lorsqu’ils vont « boire une biérette », lorsqu’ils échappent au travail les détachés mairie ne cessent de donner du sens à leur travail, de mesurer ce qu’ils y mettent d’eux-mêmes. Ils ne cessent finalement de le rendre acceptable. Dans le fil d’une « fréquentation nomade »30 ils se saisissent des cafés, y déploient un style, des paroles, des points de vue sur le monde qui les environne et la place qu’ils y occupent. Malgré des différences selon les statuts hiérarchiques, on observe des mécanismes identiques aussi bien auprès des cadres que des égoutiers. Les données présentées ici sont certes spécifiques à un tout petit groupe professionnel, mais il n’est pas à exclure que les mécanismes décrits puissent être retrouvés auprès d’autres travailleurs.
2000 – L’alcool comme lubrifiant social : théorie de la myopie alcoolique, estime de soi sociale et interaction sociale
Cette étude examine comment la consommation d’alcool affecte différemment le comportement communicatif et les perceptions des femmes ayant une haute ou une faible estime de soi (ESS) lorsqu’elles s’engagent dans une brève interaction avec un homme séducteur. La théorie de la myopie alcoolique propose que l’alcool affecte le comportement lorsqu’il bloque les inhibitions normales d’une personne à adopter un comportement. Il a été prédit que les femmes ayant une faible SSE seraient plus inhibées lorsqu’elles parlaient à un homme séducteur que les femmes ayant une SSE élevée. Par conséquent, après avoir évalué l’estime de soi sociale des participantes (N = 50) et les avoir réparties de manière aléatoire dans un groupe ayant consommé une boisson alcoolisée ou non alcoolisée, celles-ci ont discuté avec un complice masculin séducteur et attirant. Les femmes ayant une faible SSE étaient moins anxieuses et se livraient davantage lorsqu’elles buvaient que lorsqu’elles étaient sobres, tandis que les femmes ayant une SSE élevée n’étaient pas significativement affectées par la consommation d’alcool. La discussion met en évidence les effets complexes et souvent contradictoires de la consommation d’alcool sur les interactions sociales.
2018 – Anxiété sociale et qualité des interactions sociales quotidiennes : l’influence modératrice de la consommation d’alcool
La plupart des recherches sur le lien entre l’anxiété sociale et la consommation d’alcool ont examiné les résultats problématiques sans tenir compte des fonctions adaptatives potentielles. L’alcool est un anxiolytique qui a pour effet bénéfique à court terme de réduire l’anxiété ; sa consommation peut agir comme un lubrifiant social qui facilite des interactions sociales de meilleure qualité. À l’aide d’une méthodologie d’échantillonnage de l’expérience, nous avons examiné comment la consommation d’alcool atténue les effets négatifs de l’anxiété sociale dans des interactions sociales naturelles. Les participants (N = 160) ont répondu à des questions démographiques et sur leurs traits de caractère, puis ont rempli des évaluations quotidiennes pendant 14 jours consécutifs. Les résultats des analyses de modèles à plusieurs niveaux ont révélé que lors d’interactions sociales en face à face, l’anxiété sociale était inversement proportionnelle à 10 indicateurs d’interactions sociales saines (par exemple, le plaisir, le rire, le sentiment d’acceptation). La consommation d’alcool a modéré sept de ces associations, de sorte que lorsque les participants consommaient de l’alcool dans des situations sociales, l’anxiété sociale n’était plus associée à la qualité des interactions sociales. La quantité d’alcool consommée a modéré deux de ces associations. En outre, nous avons trouvé des preuves de directionnalité, en ce sens que l’anxiété sociale dans une interaction sociale donnée prédisait la consommation d’alcool dans une interaction sociale ultérieure, mais pas l’inverse (c’est-à-dire que la consommation d’alcool ne prédisait pas de manière prospective l’anxiété sociale). Dans les situations sociales impliquant la consommation d’alcool, les expériences d’anxiété sociale n’empêchaient plus la personne de tirer des avantages sociaux. Ces résultats doivent être interprétés dans le contexte d’un échantillon de participants présentant des niveaux relativement faibles d’anxiété sociale et une fréquence de consommation d’alcool relativement faible. Néanmoins, l’obtention de récompenses sociales peut être un mécanisme de renforcement qui maintient le lien entre l’anxiété sociale et la consommation d’alcool.
2020 – Instrumentalisation de la drogue
Les drogues psychoactives pouvant entraîner une addiction sont largement consommées par des personnes issues de pratiquement toutes les cultures, sans pour autant créer de dépendance. Afin de comprendre ce comportement, sa pénétration dans la population et sa persistance, l’instrumentalisation de la drogue a été suggérée comme moteur de cette consommation. La théorie de l’instrumentalisation de la drogue soutient que les drogues psychoactives sont consommées de manière très systématique afin de rendre plus efficaces d’autres comportements non liés à la drogue. Nous passons ici en revue l’origine évolutive de ce comportement et ses mécanismes psychologiques, et explorons les mécanismes neurobiologiques et neuropharmacologiques qui les sous-tendent. Nous discutons des objectifs de l’instrumentalisation, pour lesquels une consommation de drogues psychoactives sélective en fonction de l’environnement et dépendante de l’état mental peut être apprise et maintenue de manière non addictive. Un petit pourcentage de personnes qui instrumentalisent régulièrement des drogues psychoactives passent à l’addiction, qui commence souvent par des changements qualitatifs et quantitatifs dans les objectifs d’instrumentalisation. Ainsi, l’addiction serait le résultat d’une instrumentalisation à long terme des drogues déjà établie. Par conséquent, la prévention et le traitement de l’addiction aux drogues dans le cadre d’une approche médicale individualisée pourraient nécessiter essentiellement de comprendre et de soutenir les objectifs d’instrumentalisation personnels.