2013 – « Un ami qui a de l’herbe est un véritable ami » : comprendre la relation entre l’identité amicale et les relations commerciales chez les consommateurs de marijuana

L’importance des réseaux d’amitié et du partage de drogues est une caractéristique bien documentée de la consommation de marijuana. Des études récentes montrent un rôle accru de l’acquisition de marijuana par l’intermédiaire d’amis, en particulier dans les contextes où la politique en matière de drogues est plutôt répressive. Cet article vise à mieux comprendre les définitions et les rôles que les consommateurs de marijuana attribuent à l’amitié. Quarante-quatre consommateurs et revendeurs de marijuana recrutés dans le centre-nord de la Floride ont été soumis à des entretiens semi-structurés, avec des questions approfondies sur les « amis » des répondants. Les données ont été analysées à l’aide d’une analyse inductive et ont été encadrées par la théorie de l’identité. Les définitions de l’amitié données par les répondants comprenaient des attentes en matière de partage et de réciprocité de la marijuana, d’achats pour des amis et de présentation à des dealers, qui étaient également qualifiés d’« amis ». Les résultats de l’étude suggèrent que les définitions de l’amitié données par les consommateurs de marijuana incluent des attentes en matière de comportements qui soutiennent la chaîne de distribution. Les attentes fondées sur le rôle en matière de comportement « amical » servaient d’outil de contrôle social qui protégeait les consommateurs de marijuana contre les risques liés au marché illicite.

2004 – Ce qui du travail se noue au café

Paradoxalement, lorsqu’ils vont « boire une biérette », lorsqu’ils échappent au travail les détachés mairie ne cessent de donner du sens à leur travail, de mesurer ce qu’ils y mettent d’eux-mêmes. Ils ne cessent finalement de le rendre acceptable. Dans le fil d’une « fréquentation nomade »30 ils se saisissent des cafés, y déploient un style, des paroles, des points de vue sur le monde qui les environne et la place qu’ils y occupent. Malgré des différences selon les statuts hiérarchiques, on observe des mécanismes identiques aussi bien auprès des cadres que des égoutiers. Les données présentées ici sont certes spécifiques à un tout petit groupe professionnel, mais il n’est pas à exclure que les mécanismes décrits puissent être retrouvés auprès d’autres travailleurs.

2000 – L’alcool comme lubrifiant social : théorie de la myopie alcoolique, estime de soi sociale et interaction sociale

Cette étude examine comment la consommation d’alcool affecte différemment le comportement communicatif et les perceptions des femmes ayant une haute ou une faible estime de soi (ESS) lorsqu’elles s’engagent dans une brève interaction avec un homme séducteur. La théorie de la myopie alcoolique propose que l’alcool affecte le comportement lorsqu’il bloque les inhibitions normales d’une personne à adopter un comportement. Il a été prédit que les femmes ayant une faible SSE seraient plus inhibées lorsqu’elles parlaient à un homme séducteur que les femmes ayant une SSE élevée. Par conséquent, après avoir évalué l’estime de soi sociale des participantes (N = 50) et les avoir réparties de manière aléatoire dans un groupe ayant consommé une boisson alcoolisée ou non alcoolisée, celles-ci ont discuté avec un complice masculin séducteur et attirant. Les femmes ayant une faible SSE étaient moins anxieuses et se livraient davantage lorsqu’elles buvaient que lorsqu’elles étaient sobres, tandis que les femmes ayant une SSE élevée n’étaient pas significativement affectées par la consommation d’alcool. La discussion met en évidence les effets complexes et souvent contradictoires de la consommation d’alcool sur les interactions sociales.

2018 – Anxiété sociale et qualité des interactions sociales quotidiennes : l’influence modératrice de la consommation d’alcool

La plupart des recherches sur le lien entre l’anxiété sociale et la consommation d’alcool ont examiné les résultats problématiques sans tenir compte des fonctions adaptatives potentielles. L’alcool est un anxiolytique qui a pour effet bénéfique à court terme de réduire l’anxiété ; sa consommation peut agir comme un lubrifiant social qui facilite des interactions sociales de meilleure qualité. À l’aide d’une méthodologie d’échantillonnage de l’expérience, nous avons examiné comment la consommation d’alcool atténue les effets négatifs de l’anxiété sociale dans des interactions sociales naturelles. Les participants (N = 160) ont répondu à des questions démographiques et sur leurs traits de caractère, puis ont rempli des évaluations quotidiennes pendant 14 jours consécutifs. Les résultats des analyses de modèles à plusieurs niveaux ont révélé que lors d’interactions sociales en face à face, l’anxiété sociale était inversement proportionnelle à 10 indicateurs d’interactions sociales saines (par exemple, le plaisir, le rire, le sentiment d’acceptation). La consommation d’alcool a modéré sept de ces associations, de sorte que lorsque les participants consommaient de l’alcool dans des situations sociales, l’anxiété sociale n’était plus associée à la qualité des interactions sociales. La quantité d’alcool consommée a modéré deux de ces associations. En outre, nous avons trouvé des preuves de directionnalité, en ce sens que l’anxiété sociale dans une interaction sociale donnée prédisait la consommation d’alcool dans une interaction sociale ultérieure, mais pas l’inverse (c’est-à-dire que la consommation d’alcool ne prédisait pas de manière prospective l’anxiété sociale). Dans les situations sociales impliquant la consommation d’alcool, les expériences d’anxiété sociale n’empêchaient plus la personne de tirer des avantages sociaux. Ces résultats doivent être interprétés dans le contexte d’un échantillon de participants présentant des niveaux relativement faibles d’anxiété sociale et une fréquence de consommation d’alcool relativement faible. Néanmoins, l’obtention de récompenses sociales peut être un mécanisme de renforcement qui maintient le lien entre l’anxiété sociale et la consommation d’alcool.

2020 – Instrumentalisation de la drogue

Les drogues psychoactives pouvant entraîner une addiction sont largement consommées par des personnes issues de pratiquement toutes les cultures, sans pour autant créer de dépendance. Afin de comprendre ce comportement, sa pénétration dans la population et sa persistance, l’instrumentalisation de la drogue a été suggérée comme moteur de cette consommation. La théorie de l’instrumentalisation de la drogue soutient que les drogues psychoactives sont consommées de manière très systématique afin de rendre plus efficaces d’autres comportements non liés à la drogue. Nous passons ici en revue l’origine évolutive de ce comportement et ses mécanismes psychologiques, et explorons les mécanismes neurobiologiques et neuropharmacologiques qui les sous-tendent. Nous discutons des objectifs de l’instrumentalisation, pour lesquels une consommation de drogues psychoactives sélective en fonction de l’environnement et dépendante de l’état mental peut être apprise et maintenue de manière non addictive. Un petit pourcentage de personnes qui instrumentalisent régulièrement des drogues psychoactives passent à l’addiction, qui commence souvent par des changements qualitatifs et quantitatifs dans les objectifs d’instrumentalisation. Ainsi, l’addiction serait le résultat d’une instrumentalisation à long terme des drogues déjà établie. Par conséquent, la prévention et le traitement de l’addiction aux drogues dans le cadre d’une approche médicale individualisée pourraient nécessiter essentiellement de comprendre et de soutenir les objectifs d’instrumentalisation personnels.

2022 – La violence conjugale comme facteur prédictif de la consommation de substances chez les femmes : une revue systématique

Bien que la corrélation entre les expériences de violence conjugale (VCP) et la consommation de substances chez les femmes soit bien établie, il n’existe pas de consensus sur l’impact de la VCP sur les comportements de consommation de substances ou sur la réussite du traitement. Afin d’identifier les lacunes dans la recherche et les implications pour le traitement de la consommation de substances, nous avons mené une revue systématique afin d’identifier et d’examiner les preuves relatives à la VCP en tant que facteur prédictif des comportements de consommation de substances, des troubles liés à l’usage de substances (SUD) et des résultats du traitement chez les femmes. Nous avons inclus des études publiées entre 2010 et 2020 qui évaluaient les expériences de VPI comme facteur prédictif des comportements liés à la consommation de substances (c’est-à-dire l’initiation à la consommation, l’augmentation de la consommation), du diagnostic de SUD ou des résultats du traitement (c’est-à-dire traitement incomplet, rechute) chez les femmes. Sur 576 dossiers uniques, nous avons inclus 10 études (4 longitudinales, 4 transversales, 2 qualitatives). La consommation d’alcool et les troubles liés à l’alcool étaient les résultats les plus fréquemment étudiés (n = 6) ; les résultats étaient mitigés quant à l’importance de la VIP dans les résultats liés à l’alcool par la suite. Trois études ont examiné la consommation de drogues illicites et ont constaté que la VIP physique et sexuelle prédisait la consommation de crack/cocaïne et était associée à des diagnostics de SUD. Quatre études examinant les résultats du traitement des SUD ont révélé que la VIP entravait l’engagement et l’achèvement du traitement, augmentant ainsi le risque de rechute. À notre connaissance, il s’agit de la première revue systématique de la littérature sur la VIP en tant que facteur prédictif des comportements liés à la consommation de substances et des résultats du traitement chez les femmes. Les résultats soulignent la nécessité de diversifier les modalités de traitement des SUD afin d’intégrer le dépistage de la VIP et l’orientation vers des services appropriés dans leurs programmes, afin d’améliorer la prise en charge des SUD et la santé et le bien-être général des femmes.

2021 – Génétique des troubles liés à l’usage de substances : une revue

Les troubles liés à l’usage de substances (SUD) sont très répandus et entraînent toute une série de conséquences négatives. Ils sont influencés par des facteurs génétiques (h2 = ~50 %). Ces dernières années, des progrès considérables ont été réalisés dans la compréhension de l’étiologie génétique des SUD et des traits associés. La présente revue couvre l’état actuel des connaissances en matière de génétique des SUD, y compris l’épidémiologie et l’épidémiologie génétique des SUD, les résultats de la première génération d’études d’association pangénomique (GWAS) sur les SUD, les mises en garde concernant la transposition des résultats des GWAS dans le contexte clinique et les priorités suggérées pour la prochaine vague d’efforts en matière de génétique des SUD. Les progrès récents en génétique des SUD ont été facilités par l’assemblage de grands échantillons GWAS et le développement de méthodes de pointe modélisant l’effet global de la variation génomique. Ces progrès ont confirmé que les SUD sont hautement polygéniques, avec de nombreux variants à travers le génome conférant un risque, dont la grande majorité ont un effet faible. Des analyses en aval ont permis une résolution plus fine de l’architecture génétique des SUD et ont révélé des informations sur leur relation génétique avec d’autres troubles psychiatriques. Les efforts récents ont également donné la priorité à un examen plus approfondi des résultats des GWAS qui ont suggéré des influences génétiques non uniformes entre les mesures de la consommation de substances (par exemple, la consommation) et l’usage problématique (par exemple, les SUD). Parmi les autres points saillants des récentes GWAS sur les SUD, citons la confirmation solide de loci dans les gènes métabolisant l’alcool (par exemple ADH1B et ALDH2) qui affectent les traits liés à l’alcool, et de loci dans le groupe de gènes CHRNA5-CHRNA3-CHRNB4 qui influencent les traits liés à la nicotine. Des succès similaires sont attendus pour les troubles liés à la consommation de cannabis, d’opioïdes et de cocaïne, à mesure que la taille des échantillons se rapproche de celle des échantillons constitués pour l’alcool et la nicotine.

2020 – Étude prospective sur la personnalité et la consommation de drogues illicites chez les adultes australiens

Cette étude a cherché à déterminer si la personnalité était liée à la consommation passée et ultérieure de drogues illicites. Un échantillon quasi représentatif de 12 525 adultes australiens (5 772 hommes et 6 743 femmes) a rempli un questionnaire d’auto-évaluation de la personnalité au début de l’étude, puis a été invité à remplir le même questionnaire quatre ans plus tard afin d’évaluer à nouveau leur personnalité et leur consommation de drogues illicites. Après avoir contrôlé les facteurs sociodémographiques, des niveaux plus élevés de neuroticisme, d’extraversion et d’ouverture, et des niveaux plus faibles d’agréabilité et de conscience, ont été associés à une plus grande probabilité de consommation ultérieure de drogues illicites, ainsi qu’à une plus grande probabilité d’avoir déjà consommé une drogue illicite. Une augmentation de l’ouverture et une diminution de la conscience au cours des quatre années ont également été associées à une plus grande probabilité de consommation récente de drogues illicites. Ces résultats étaient relativement cohérents pour le cannabis, la méthamphétamine, la cocaïne, l’ecstasy et les hallucinogènes. Il n’y avait pas d’effets modérateurs liés au sexe, mais l’association entre l’ouverture et la probabilité d’avoir déjà consommé une drogue illicite était plus forte chez les adultes plus âgés. Les traits de personnalité n’étaient pas liés à l’âge de la première consommation d’une substance illicite. Des effets de petite à moyenne ampleur ont été observés pour les dimensions de la personnalité combinées, et des effets de faible ampleur ont été observés pour les effets individuels. Dans l’ensemble, les résultats indiquent que l’ouverture et la conscience sont les traits de personnalité les plus fortement associés à la consommation passée et ultérieure de drogues illicites.