Codéine

La codéine est un analgésique qui supprime la sensibilité à la douleur. En plus de cet effet on retrouve l’euphorie et un effet anxiolytique.

Doser est un bon moyen de réduire les risques. Attention à la tolérance qui pousse à augmenter les dosages !

La codéine n'est pas métabolisée de la même manière par tout le monde !

Le risque addictif de la codéine est modéré. Les symptômes de sevrage favorisent l'abus et le cercle vicieux de l'addiction.

Le risque principal avec les opioïdes se situe au niveau respiratoire et de la conscience. Les surdoses sont fréquentes et peuvent mener au décès.

Mélanger la codéine avec des dépresseurs ou des stimulants comporte de nombreux risques. Restez vigilants et dosez en conséquence !

La codéine et ses effets

La codéine (également appelée 3-méthylmorphine) est une substance opioïde naturelle de la classe des morphinanes que l’on trouve dans les extraits de pavot, en particulier Papaver bracteatum. Les molécules de cette classe produisent des effets tels que la sédation, la suppression de la toux (d’où les sirops devenus “purple drank“) et l’euphorie lorsqu’ils sont administrés.

“Le Purple Drank est une drogue récréative composée d’un sirop contre la toux (à base de codéine, de chlorhydrate de prométhazine) mélangé à une boisson, généralement du Sprite ou de l’alcool. La composition chimique (codéine ou 3-méthylmorphine) est un alcaloïde phénanthrène dont le squelette est constitué de trois anneaux de benzène fusionnés, que l’on trouve dans le Papaver somniferum, à des concentrations pouvant atteindre 10 %. Autrefois extraite du pavot, elle est aujourd’hui dérivée d’un processus semi-synthétique par méthylation de la morphine.”

Miuli, A., Stigliano, G., Lalli, A., Coladonato, M., D’Angelo, L., Esposito, F., … & Di Giannantonio, M. (2020). “Purple Drank”(Codeine and Promethazine Cough Syrup): a systematic review of a social phenomenon with medical implications. Journal of Psychoactive Drugs, 52(5), 453-462.

Bien doser la codéine

Effets
Oral
Légers
30 - 60 mg
Moyens
60 - 90 mg
Forts
90 - 120 mg
Très forts
120 + mg
Phases
Oral
Début
1 - 2 h
Effets principaux
3 - 5 h
Descente
2 - 4 h
Effets résiduels
???

Le fonctionnement de la codéine dans le corps

La codéine n’est pas elle-même active au niveau central et doit d’abord être convertie en morphine par l’enzyme CYP2D6 du cytochrome P450 (il s’agit donc d’un promédicament de la morphine) par le biais d’un métabolisme de premier passage. La codéine est également métabolisée en norcodéine, une substance inactive, par le système enzymatique CYP3A4.

Un certain pourcentage de la population produit moins d’enzymes CYP2D6 et subit donc une réduction significative des effets de la codéine par rapport à la personne moyenne. Cependant, d’autres personnes produisent des enzymes CYP2D6 en plus grande quantité, ce qui peut entraîner une hypersensibilité au médicament. Certaines méthodes de potentialisation des opioïdes, telles que l’utilisation de jus de pamplemousse tout au long de la journée avant la consommation, inhibent l’enzyme CYP3A4.

Il existe une limite supérieure à la quantité de codéine qui peut être convertie en morphine par métabolisme enzymatique au cours d’une séance individuelle. Cette limite est communément appelée “dose plafond“, et PsychonautWiki situe ce plafond autour de 400 mg. La consommation de doses plus élevées entraîne des effets secondaires plus importants, tels que des démangeaisons et des nausées, mais n’augmente pas l’euphorie.

Les métabolites actifs de la codéine, notamment la morphine, exercent leurs effets en se liant aux récepteurs opioïdes et en les activant, principalement le récepteur μ-opioïde, car les opioïdes imitent structurellement les endorphines endogènes que l’on trouve naturellement dans l’organisme et qui agissent également sur l’ensemble des récepteurs μ-opioïdes.

  • La plupart des individus (77-92%) sont des métaboliseurs extensifs. Ils ont une activité enzymatique normale et métabolisent environ 10 % de la codéine en morphine, ce qui leur procure un bénéfice analgésique.
  • Les mauvais métaboliseurs (5 à 10 % des individus) n’ont pas d’enzymes fonctionnelles et ne tireront donc que peu ou pas de bénéfices analgésiques de la codéine, en raison de leur incapacité à la convertir en sa forme active, la morphine. Les mauvais métaboliseurs présentent néanmoins des taux similaires d’effets indésirables (tels que la sédation, les vertiges, l’euphorie, la vision trouble et la sécheresse buccale) de la codéine par rapport à la population générale. Ce sous-ensemble d’individus peut ressentir des effets indésirables, sans aucun bénéfice analgésique clinique.

  • Les métaboliseurs intermédiaires (2 à 11 % des individus) peuvent exprimer des enzymes dont la fonction est réduite ou présenter une combinaison d’enzymes fonctionnelles et non fonctionnelles. Par conséquent, le métabolisme du médicament peut être réduit et ces personnes peuvent également tirer peu de bénéfices de la codéine.

  • Un sous-ensemble plus rare, mais à ne pas négliger (1 à 2 % des individus), est considéré comme métaboliseur ultra-rapide. Les métaboliseurs ultra-rapides ont une activité enzymatique accrue, ce qui les amène à métaboliser une plus grande proportion de codéine en morphine que la population générale. Cette situation est potentiellement très dangereuse : Gasche et al. ont décrit un cas de toxicité opioïde potentiellement mortelle chez un homme âgé de 62 ans qui avait reçu une faible dose de codéine (75 mg par jour) pour traiter sa toux. Le patient a ensuite été identifié comme étant un métaboliseur ultra-rapide du CYP2D6. Malheureusement, des cas similaires ont été signalés chez des enfants, dont certains ont été mortels. Par conséquent, la codéine pour le traitement de la douleur, de la toux et de la diarrhée est contre-indiquée chez les patients âgés de moins de 12 ans.

Source : The Pharmaceutical Journal, PJ, April 2021, Vol 306, No 7948;306(7948)::DOI:10.1211/PJ.2021.1.79186 : Comment le métabolisme de la codéine affecte son utilisation clinique.

Le potentiel addictif de la morphine

La codéine est semble-t-il l’opioïde le plus utilisé, et son potentiel addictif n’est pas à négliger. Cela dit, bien que certains dommages associés à la surconsommation de codéine sont directement liés à une prise prolongée, de nombreuses conséquences graves découlent d’une surconsommation concomitante d’ibuprofène ou de paracétamol dans des produits combinés.

Parmi les médicaments opioïdes, la morphine, la codéine, le fentanyl ou la buprénorphine sont considérés comme les analgésiques les plus efficaces pour les douleurs postopératoires et cancéreuses. Leur administration chronique est associée à un fort potentiel d’abus. En outre, d’autres opioïdes, dont l’héroïne, sont utilisés comme drogues récréatives et ont la capacité d’induire une dépendance aux opioïdes.

Listos, J., Łupina, M., Talarek, S., Mazur, A., Orzelska-Górka, J., & Kotlińska, J. (2019). The mechanisms involved in morphine addiction: an overview. International journal of molecular sciences, 20(17), 4302.

Les risques pour la santé

La codéine présente les mêmes risques que les autres opioïdes. Une surdose peut mener à une dépression respiratoire puis la mort. Le sevrage n’est pas en lui-même potentiellement mortel comme avec l’alcool ou les benzodiazépines, mais provoque des symptômes très compliqués à vivre.

Il existe plusieurs signes pour reconnaître une surdose d’opioïdes.

Au niveau de la respiration : respiration lente, faible et irrégulière ; lèvres/ongles bleus et/ou une peau froide ; bruits de suffocation, gargouillements ou ronflements.

Au niveau de la conscience : ne répond plus, insensible au toucher ; somnolence et difficultés à rester éveillé.

De plus, les pupilles peuvent rétrécir. Ce signe n’est pas le plus fiable puisqu’une autre drogue consommée pourrait modifier la pupille dans l’autre sens.